LE NÉPAL MULTIPLIE LES ASTUCES POUR ATTIRER DAVANTAGE D'ALPINISTES DE PLUS DE 8 000 MÈTRES

Tourism Review News Desk - Mar 24, 2025
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Le Népal, ce pays de montagnes niché entre l'Inde et la zone tibétaine de Chine, veut vraiment attirer plus d’alpinistes. Les revenus issus de ces visiteurs y jouent un rôle crucial. Aujourd’hui, on compte déjà la majorité des sommets dépassant 8 000 mètres – plus de la moitié, en fait – sur terre, et ils se trouvent principalement ici. Pourtant, le gouvernement estime que ce total reste trop limité. C’est pourquoi le ministère du Tourisme envisage de requalifier six pics, jusqu’alors considérés comme secondaires, pour les classer parmi les sommets de 8 000 mètres. Ces montagnes atteignent bien le seuil requis, mais elles ne font pas encore partie du cercle exclusif officiellement reconnu. Alors, si on leur accorde ce statut, le pays comptera au total 14 sommets au-dessus de 8 000 mètres.

Plusieurs éléments poussent à cette initiative. Le Népal, avec ses ressources plutôt restreintes, dépend énormément du tourisme, et surtout de l’alpinisme, pour alimenter ses finances et soutenir ses habitants. Les responsables de Katmandou espèrent — en moyen terme, disons — que cette reconnaissance supplémentaire incitera plus d’alpinistes à venir tester leurs limites ici. Cette mesure profiterait, entre autres, au gouvernement (qui impose des frais d’ascension bien élevés), aux agences de trekking, aux compagnies d’alpinisme, aux guides de montagne et aux hôteliers locaux.

Certains alpinistes racontent que, depuis une dizaine d’années, le Népal plaide pour qu’on reconnaisse davantage de sommets de plus de 8 000 m. Définir exactement ce qu’est un sommet "véritable" peut vite devenir compliqué. Par exemple, la Fédération internationale d’alpinisme n’a pas coutume de traiter les différents sommets d’une même chaîne comme s’ils étaient indépendants — on les étiquette plutôt comme secondaires. En résultat, ces pics ne figurent pas dans la liste des 14 sommets officiellement connus. Et, pour être tout à fait franc, l’association d’alpinisme ne projette pas d’aller au-delà de ce chiffre.

D’autre part, la question soulève aussi bien des éloges que des critiques. On voit circuler des images de files interminables d’alpinistes sur le mont Everest, et le problème des déchets accumulés dans l’Himalaya revient souvent sur le tapis. S’il est décidé de reconnaître encore plus de sommets au-dessus de 8 000 mètres, ces soucis pourraient prendre de l’ampleur. Néanmoins, le Népal a clairement choisi de donner la priorité aux gains du tourisme, même si cela implique de laisser de côté certaines préoccupations environnementales. Comme pays en développement, il se repose fortement sur ces revenus. Pour tenter de maîtriser la situation, une règle impose aux visiteurs de ramener leurs déchets dans des sacs spéciaux – mais force est de constater que l’efficacité de cette mesure laisse place à interrogation.

Par ailleurs, la montée du tourisme en haute montagne fâche de plus en plus les alpinistes professionnels. Les visiteurs fortunés, qui peuvent maintenant se payer des expéditions guidées jusqu’aux cimes de 8 000 mètres, finissent par encombrer des sites comme l’Everest. Les embouteillages sur les pistes se multiplient, et par la même occasion, les accidents mortels se font plus fréquents depuis quelques années. Même si les explications sur les dangers s’enchaînent, souvent relayées par des alpinistes chevronnés, l’aspect commercial prime largement. En définitive, rien ne laisse espérer un retournement rapide de cette tendance dans un avenir proche.

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