L’association hôtelière espagnole s’attend à une légère baisse des arrivées de voyageurs étrangers, accompagnée toutefois d’une hausse des revenus liés au tourisme. La Confédération des Hôtels et des Logements Touristiques (CEHAT) a annoncé que l’impact de la faillite du groupe Thomas Cook, qui menaçait la saison hivernale, a été « amorti ».
Le ralentissement du marché allemand, le Brexit, et la faillite du groupe Thomas Cook ont tous eu un impact négatif sur le tourisme, qui devrait se poursuivre jusque fin 2019 avec une baisse des arrivées de touristes étrangers (la première depuis 2009) et paradoxalement une augmentation de leurs dépenses. Telles sont les prévisions des hôteliers espagnols : à deux mois de la fin de l’année, les 82,8 millions de touristes de l’an passé ne seront pas atteints ; néanmoins, le pays devrait dépasser les 89,856 millions de recettes.
« Dans une certaine mesure, nous nous attendons à ce que nos chiffres de fin d’année 2019 soient en-dessous de ceux de 2018. Nous ne savons pas s’il y aura 500 000 ou juste 100 000 touristes de moins, mais nous pouvons affirmer que jusqu’à octobre, les recettes liées au tourisme ont augmenté de 2,5% » a déclaré le président de la CEHAT, Juan Molas, durant la présentation des prévisions de l’association pour cet hiver. Une telle augmentation pourrait bien faire revenir au « chiffre d’or » de 180 milliards d’euros de contribution au PIB.
Si ces prévisions s’avèrent vraies, ce serait la fin de la série de records espagnols en ce qui concerne les arrivées de touristes étrangers. Une telle chose ne s’était pas produite depuis 2009, lorsque le pays a reçu 52,1 millions de touristes, soit 8,8% de moins qu’en 2008, point à partir duquel le tourisme étranger a commencé à monter en flèche avec la sortie de destinations concurrentes telles que la Turquie, la Tunisie ou l’Égypte.
Il y a quelques années, le rétablissement de ces marchés avait alarmé une industrie habituée à faire tomber les records les uns après les autres. En 2018, les premiers signes d’affaiblissement étaient apparus se dès la fin de l’été, qui s’était soldé sans hauts records pour la première fois depuis 2010. La période estivale est un bon indicateur pour mesurer la performance globale de la saison, qui ne s’était pas alors soldée dans le négatif, mais avec une augmentation de 1,1% par rapport à 2017, ce qui était un clair signe de ralentissement. En comparaison, le taux de croissance de 2017 était de 8,9%, et celui de 2016 de 10,3%.
La bonne performance des destinations concurrentes, ajoutée à un Brexit fort attendu et au ralentissement économique en Europe sous la houlette de l’Allemagne, ainsi qu’à d’autres facteurs tel un temps ensoleillé dans le nord de l’Europe, ont provoqué, par rapport à la même période l’an passé, une baisse de 0,7% du nombre de touristes étrangers se rendant Espagne entre juillet et septembre 2019. Cependant, jusqu’en septembre, les arrivées ont augmenté de 1,25% (soit 67,1 millions de touristes). À l’heure actuelle, l’industrie du tourisme attend les chiffres du dernier trimestre qui s’avèrera décisif.
Dans un tel contexte, les hôteliers espagnols s’attendent à une saison hivernale stable entre novembre et mars (avant Pâques), conséquence de l’effondrement en septembre du groupe Thomas Cook, qui avait alarmé une industrie déjà malmenée. Mais d’après Juan Molas, le choc a été « amorti ». Les voyagistes Jet2 et TUI ont réagi rapidement et réussi à combler les nombreuses chambres vides laissées derrière lui par le géant britannique. Selon la CEHAT, la demande se maintient, de telle sorte qu’à partir de Noël, les îles Canaries (la région la plus touchée) seront garanties d’avoir les mêmes taux d’occupation que les années précédentes.
Pendant ce temps, le reste de l’Espagne continuera ses prouesses touristiques comme à l’hiver dernier. Selon un sondage conduit par l’association hôtelière et PwC, ainsi que des membres de la CEHAT, seuls 10% des hôtels présentent une offre plus grande cet hiver, tandis que 79% s’attendent à des taux d’occupation similaires à ceux de l’année précédente. Toutefois, 44% des gérants d’hôtel s’attendent à une baisse de rentabilité due à la chute provoquée par l’augmentation des dépenses liées au tourisme.